Oyé Oyé amis grenouilles !!!
Les photos ont parlé d’elles même, mais l’heure est venue pour moi de vous remercier. Comme vous le savez, tout a commencé autour d’un apéro. Ahhh le rhum quand tu nous tiens et me voilà embarquée dans un défi, que je pensais, à cet instant, irréalisable : un IRONMAN.
Passés pas moins de 7 mois d’entraînements intensifs (non c’est pas vrai ), on la refait ! En réalité, pendant 7 mois, je me suis appliquée à suivre à la lettre mon programme hebdomadaire d’entraînement concocté avec soin par coach Fabrice Fonds. De la discipline et de la rigueur, tels sont les premiers efforts qu’il a fallu fournir !! Et les efforts ont payé vite : des chronos explosés au Gwadlouptri, triathlon des grenouilles, semi marathon des Abymes, triathlon de Sainte- Anne… la motivation n’a pu que s’intensifier.
J-5 : direction Paris : ça fait classe de voyager avec un vélo vélo soigneusement démonté par coach Patrice, c’est à croire qu’il a fait tout sa vie
J-4 : en route pour Zurich avec Sophie ! Steve, tu sais quoi ? Ben on a parlé pendant les 6h de trajet
J-3 : reconnaissance du parcours vélo encadrée par l’organisateur. Ohhhh les beaux vélos ! Ohhhh que nous allons remporté le prix des vélos les plus pourris mais le vélo ne fait pas tout, faut les jambes avec et nous sommes biens rassurées de constater que nous ne sommes pas en reste ! Cette petite sortie (70 bornes) nous rassure.
J-2 : les choses sérieuses commencent : récupération des dossards, briefing et pillage organisé de la boutique Ironman. Ahhh c’est que c’est un vrai business cette affaire !
J-1 : rangements des sacs pour dépôt des vélos. L’émotion est palpable et elle s’exprime par des crises de fou rire. Je revois Sophie me demander si ses boucles d’oreilles sont jolies et s’installer au volant de la voiture… sans avoir chargé les vélos
Dernier plat de pâtes avant le grand saut, on trinque avec une bière sans alcool pour l’occasion Bizarrement, je suis sereine. Généralement, la veille de chaque course, je couve un cancer généralisé mais là rien !! Juste l’envie d’y être.
Jour J : la nuit a été courte, je n’ai pas l’impression d’avoir dormi. On prend le temps pour un petit déjeuner copieux avant de se rendre sur le site.
Le jour se lève à peine, mais l’ambiance est déjà au rendez vous. L’heure de préparation passe à une allure folle. Tous s’affairent à ranger ses derniers effets (gonflage des pneus, bidons, vaseline…) et le départ est donné !!
Il se fait par groupe de 8 toutes les 10 secondes, c’est bien mieux que la cohue habituelle.
Ma première satisfaction : l’eau est bonne, je craignais beaucoup d’avoir froid. Je nage tranquillement, je zigzague pas mal mais sans forcer, je sais que la natation n’est que l’entrée : il y a du « dombré » après. Cette première partie se déroule vraiment bien, c’était agréable de nager dans l’eau douce et cristalline du lac au petit matin. A la sortie de l’eau, deux bénévoles me tendent la main pour m’aider à sortir de l’eau et j’entends la foule de spectateurs en délire !! C’est fantastique. Je prends le temps de me changer : cuissard de guerrière de rigueur. C’est partie pour 7h de vélo. J’entends encore ma petite voix intérieure : « allez Julie ! 7h !! »
Ouille, ça commence mal, j’ai pas les jambes, j’appuie pourtant ça ne donne rien, j’atteins péniblement 33km/h. C’est sur j’ai crevé à l’arrière… euh non ! Ahhh je sais : du sabotage !! « Bon Julie, t’arrête ton délire ». Et puis Fabrice a dit pas plus de 33km/h donc c’est bon ! Je retrouve enfin la forme dans les toboggans qui suivront.
Coup de blues au début du second tour, pas évident de se remotiver. Les athlètes que je croise ne font plus vraiment les malins, c’est dur pour tout le monde ! Je ne suis pas douée sur les lignes droites, mais qu’est ce que je dépasse du monde en côte, ça fait du bien. Deuxième et dernière ascension de Haertbreak Hill, je pousse un cri de joie « j’ai finit », c’est vraiment sorti tout seul.
Je descends du vélo, j’ai les pieds complètement engourdis et j’ai du mal à marcher, ça promet. Je reste concentrée et enfile mes baskets. Douleurs oubliées instantanément, mes jambes me disent qu’elles sont plus que prêtes à courir un marathon.
1er tour, je suis émerveillée par l’ambiance, la foule, les bénévoles bienveillants, les supporters qui crient mon prénom : « allez Julie, tu vas le faire ! Allez Julie, la France champion du monde, allez Julie Well done » français, anglais, allemand, je comprends toutes les langues !! Je visite la ville, je fais connaissance avec le parcours à pied.
J’ai bien retenu la leçon de Londres : surtout ne pas s’emballer !! Le 3ème tour est le plus dur. Je récite ma leçon : « ne te décourage pas, tu iras toujours plus vite en courant plutôt qu’en marchant, cours de ravito en ravito ». Je m’y tiens ! J’ai découpé le 4ème tour dans ma tête en fonction des zones à traverser : no man’s land, vielle ville, aller retour lac, plage… au bout de la ligne droite, j’aperçois enfin le « lap control » ☺️
J’offre mon bras à la bénévole qui m’enfile chaleureusement ce 4ème chouchou. Je réprime des sanglots, Je sprint (10km/h on s’entend ), j’amorce le virage à gauche, je suis sur le tapis de la Croisette , je lève les bras, je saute, je cris aussi, et j’écoute avec attention : « Julie, you are an Ironman »… et je m’effondre en larmes. Je me rappelle avoir embrassé ma médaille. « Ohhh purée, je suis une IRONMAN, ohhh j’ai fait ça moi en 13 heures, 24 minutes et 16 secondes !! ».
Je n’ai jamais douté que je terminerai, je me suis préparée pour ça. Mais dans un tel état de fraîcheur, je n’en reviens pas. Je n’ai pas les mots…
Qui a parlé de défi solitaire ??! Vous étiez là, tous des « guicks » ce dimanche, et je vous ai entendu m’encourager dans les (rares ) moments difficiles.
Du fond du cœur, M E R C I !!! Un merci particulier au Coach Fabrice, pour cette préparation aux « pti z’oignons »…
Une véritable déclaration d’amitié à ma Sophie ☺️
Next ?
Dans la série mon Ironman, Vous avez aimé Julie, voici Sophie !
Mercredi – Départ de Paris – J’ai déjà récupéré ma superbe Kadjar toute neuve, louée pour pouvoir accommoder à la fois les vélos, qui ont été remontés à Paris, et les valises. Heureusement que nous n’avons pas pris l’option porte-vélos, on se fait emboutir à peine sorties de Paris ! Quelques égratignures au pare-chocs, mais mon adversaire quittera l’autoroute en remorqueur …
Nous avalons la route jusqu’à Zürich où nous passons la soirée, il fait chaud, la rive du lac regorge de badauds, certains se baignent en compagnie des cygnes, nous sommes en vacances !
Installation dans la très agréable maison nichée dans les vignes que nous prêtent mes amis Joëlle et Hans-Jörg, ce sera mon havre de paix entre deux événements ces prochains jours.
Jeudi – reconnaissance vélo avec l’organisation IM. Nous sommes une cinquantaine, donc 48 vélos sortis de l’espace, Julie et moi !
Il fait une chaleur de bête. Dix minutes après le départ, sur le plat, pas si plat que ça et bien venté, nous sommes (bien) larguées…petit moment de doute…rassemblement des troupes avant le début des difficultés…l’organisateur me dit que si c’est trop dur pour nous, on peut rentrer en train … Non mais ! Nous tournons à gauche vers Rüti et ce n’est plus la même histoire, nous avalons les côtes tranquillement, nous sommes à notre place !
Vendredi – Balade dans les vignes, farniente, retrait des dossards et achat d’un short pour la course à pied (oui je sais, ne jamais utiliser un nouvel équipement en course …), briefing…on nous prévient, très peu de chances que la combi soit autorisée, la température du lac est à 25, il faudrait qu’elle descende à 24,5 et il fait 34 ! Il faut vous dire que je scrute quotidiennement la température de ce fichu lac depuis bien longtemps. La combi, c’est mon Amérique à moi … depuis que j’ai constaté que je gagnais bien 15s au 100m avec ! Et que cela m’interdisait la brasse…
Samedi – Orage et pluie le matin, chouette il fait frais ! À tel point que nous décidons de sécher les 20min de natation au programme pour tester l’eau du lac. Détendues je vous dis !Dépôt des sacs de transition et du vélo, l’organisation est impeccable et décontractée à la fois. Toujours pas de stress pour nous, nous allons de fou-rire en fou-rire, depuis le temps qu’on attend ce moment !
Dimanche – Jour J ! Lever avant 4h, Pas beaucoup dormi, mais j’ai déjà fait beaucoup de vélo (en rêve vous l’aurez compris).
Le départ natation (sans combi, le lac affiche une température de 24,6 grrr), en format rolling start soit 8 nageurs toutes les cinq secondes, dédramatise encore plus les choses. Et là, tout de suite, le plaisir ! Nager dans l’eau douce, contempler les montagnes qui encerclent le lac (oui…je brasse…mais pas que !), j’ai la banane, je savoure ! Je me trompe de bouée une fois, les kayaks me remettent dans le droit chemin, allez, on se concentre. Vers la moitié, je commence à dépasser pas mal de monde, pas commode de se faufiler entre les brasseurs ! Ma montre affiche 1h34, j’avais prévu au mieux 1h35,tout va bien.
C’est parti pour le vélo et une trentaine de km de plat en bord de lac, je vais vite, un peu trop ? Je fais attention à ne jamais sentir mes jambes forcer, ça va tout seul en fait. Enfin le virage à gauche, je suis tellement contente que je décide de baptiser mon vélo, il s’appellera Rüti ! Là c’est à nouveau le bonheur, le paysage, superbe, défile en toboggans, la route est lisse, on est encouragés de toute part. En Suisse, ça donne Hop hop hop Sophie ! Les descentes sont un vrai kiff, le vent gonfle mes joues, comme dans les BD ! Un petit tour en ville et c’est Heartbreak Hill, très mal nommée en ce premier passage, la foule est compacte et déchaînée. Fin du premier tour, le compteur affiche une moyenne de 28 qui ne comprend pas les pauses (ben oui, je m’arrête aux ravitos). Je m’accorde de perdre 1km/h au deuxième tour, et encore un pour les pauses, pour rentrer dans mon objectif de 7h.
Mais maintenant, j’entre dans le dur, je n’en peux plus de la position sur les prolongateurs qui me meurtrit les omoplates…pendant 40km …
C’est avec soulagement que je reprends la direction de Rüti, mais tout est dur et je meurs de chaud. Avant la descente vers le lac, le ravito avec les sacs perso. J’en ai marre, un bidon d’eau pour me doucher et un bidon de coca à la main, je pose mes fesses dans l’herbe et je prends une bonne pause Tuc/Coca. Vous m’aviez dit d’en profiter avant tout, non ?
Je repars rassérénée, et là dans une descente, un chevreuil surgit et traverse la petite route juste devant moi ! Je n’en jurerais pas mais je crois qu’il m’a fait un clin d’œil !
Que je suis contente de déposer Rüti, il ne reste plus qu’à…courir...
Premier tour, incroyable, les jambes sont là ! Le parcours est très varié, la plage, bondée, une zone grise, l’artère avec les boutiques chics, la vieille ville, ses pavés et ses restaurants, les quais, bondés à nouveau, le sous-bois avant l’arrivée. Les ravitos sont légion, les bénévoles aussi. Impossible de vous décrire tout ce qu’ils proposent, c’est un vrai pique-nique !
Les choses se corsent sérieusement au troisième tour, que mes jambes sont lourdes et douloureuses ! Les passages sur les graviers sont tellement pénibles !
Je ne cesse de faire des calculs estimatifs dans ma tête. Je ne connais aucun de mes temps depuis la sortie de la natation, je n’ai pas fait attention, mais à chaque tour de course à pied, on voit s’afficher le chrono des finishers et je comprends que si je m’accroche, je peux faire un peu moins de 14h. Sachant que mon objectif était 14h30, ce serait beau ! Dorénavant, mes yeux sont rivés sur mon allure, pas plus de 7’15’’ au kil Sophie, les spectateurs sont incroyables dans leurs encouragements, vous êtes tous là aussi, j’entends « chaque cm compte », « quand c’est dur, cours technique », « quand ça fait mal, accélère », c’est interminable… Détermination absolue dans le dernier kilomètre, et ça y est , le virage, le tapis rouge, je secoue la tête, je suis incrédule, pas du chrono que finalement je ne regarde même pas, qui n’a plus aucune importance, mais d’être là, je tente de réprimer les sanglots, mais l’émotion est vraiment trop forte…
Et puis Julie est là…voile pudique. Elle est arrivée depuis 10 minutes, je lui demande son chrono, fantastique, et là je commence à prendre la mesure du mien quand elle me l’annonce: 13h33’40’’ ???
Terminer en beauté toutes les deux comme ça, sans pépin technique, sans blessure et avec des chronos qui dépassent toutes nos espérances est un très très grand bonheur…
Merci à tous les copains et copines d’entraînement, à tous les copains tout court, et bien sûr un immense merci à mon coach Fabrice Fonds pour avoir accepté ce défi et m’avoir amenée jusque-là, ce n’était pas gagné tout de même !
Et le papier qui a emballé ce beau cadeau sportif, c’est d’avoir tout partagé avec toi Julie !