Les Grenouilles à Franfort

ByLes Grenouilles Bleues

12 Grenouilles sont à Franfort en Allemagne pour le championnat d’Europe Ironman. La course aura lieu dimanche. Découvrez leurs aventures via les billets de Grenouille Pierre-Yves !Billet 6 : les réactions à J+1

Réveil plus ou moins difficile, plus ou moins douloureux et plus ou moins tardif pour les Grenouilles, ce matin. Quelques démarches vacillantes témoignent de l’intensité des efforts consentis, mais les sourires sont de mise car chacun à fait son boulot : les athlètes sont allés au bout d’eux mêmes, et notre incroyable gang de supporters a été formidable, quitte à y laisser une partie de ses cordes vocales : merci à vous de nous avoir portés comme vous l’avez fait.

Quelques images de la journée d’hier resteront dans les annales: le courage de Tipa et son arrivée dramatique, les deux jambes et le haut du corps littéralement tétanisés par des crampes, qui a puisé au fond de ses ressources pour franchir la ligne et a fait chavirer la foule; celui de Rémy qui a bouclé son marathon comme un météore pour entrer dans les temps et ne pas rater la fermeture des bars; celui de Didou qui, lorsqu’il n’agresse pas les vielles dames à coup de vélo en entrant par effraction dans leurs voiture par le pare brise arrière, est un compétiteur hors pair, et a bouclé cet ironman après 3 semaines de repos forcé et une cicatrisation express; celui d’Eric, qui a lui aussi terminé alors qu’il y encore un un mois, il pouvait à peine marcher lorsqu’il descendait de son vélo, à la suite de ses cabrioles; et last but not least, la grâce inouïe de Fabienne, notre wonder girl, qui boucle son premier ironman fraîche comme une rose et aussi classe dans sa tenue que dans sa robe de gala de la Pink Party: 12 grenouilles, 12 histoires pour une page de l’histoire du club écrite avec de la sueur et des larmes.

Resteront également pour nous tous les images du public exceptionnel de cette épreuve : plusieurs dizaines de milliers de personne massées le long des routes, dans la ville, sur les bord du Main, encourageant tout le monde. La traversée des villages à vélo à 35 à l’heure, dans une ambiance de kermesse avec musique, et des gens assis sur le pas de leur porte tapant sur tout ce qui leur tombe sous la main pour nous encourager. Cette femme hémiplégique, dans son fauteuil roulant, qui aura encouragé tous les cyclistes. Deux types en moule burne vert fluo à bretelles modèle Borat, beuglant sur un bord de route pour nous motiver.
Et l’ascension d’une des difficultés du parcours vélo dans une ambiance arrivée du Tour au sommet de l’Alpe d’Huez : une haie humaine de chaque côté de la route, laissant à peine la place de se doubler, les gens penchés sur la route pour nous encourager.

Quelques réactions à chaud des héros de la fête :
Croche patte, euh pardon Coach Pat, nous déclare : « C’était bien ». Quel bavard, ce Patrice!
Bébert d’Embrun : « ma concentration n’a pas résisté au fessier galbé de la petite brésilienne qui était devant moi à vélo, dans son maillot de bain moulant aux couleurs de son pays : on aurait dit une joueuse de beach volley » (véridique)
Rémy : « l’ambiance est quand même très différente de celle des touchers rectaux, ma discipline sportive d’origine »
Karim : « on n’était pas venu pour enfiler des perles, et effectivement, on a plutôt enfilé les kilomètres. Finalement, je préfère les perles »
Tipa : « ah oui, la brésilienne en maillot… »
Fabienne : « mon secret de beauté? Si je te le donne, ça ne sera plus un secret »
Didou: « no pain, no gain : j’ai beaucoup gagné aujourd’hui »
Eric, alias la Légende : « je ne suis pas très satisfait de ma course :
on pourrait pas la refaire demain? »
Fabrice, alias Président :  » l’absence de Powerbar parfum colombo et de bière aux ravitos est une vraie déception, mais la course était sympa ».
Janko (unchained) : « je suis un ironman, je suis un ironman, je suis un ironman, je suis un ironman, je suis un ironman, je suis un ironman, je suis un ironman, je suis un ironman, je suis un ironman, je suis un ironman, je suis un ironman, je suis un ironman, je suis un ironman, je suis un ironman, je suis un ironman, je suis un ironman, je suis un ironman, je suis un ironman, je suis un ironman, je suis un ironman, je suis un ironman »
David : « finalement, c’est quand même très fatiguant, un ironman »

Quant à moi, je suis évidemment déçu de n’avoir pas bouclé la course en moins de 9h et décroché un slot pour Hawaï, mais je vous annonce officiellement que je tenterai de me qualifier lors du sprint de Vieux Bourg, qui sera labellisé Ironman dès l’année prochaine.

PYT

Billlet 5 : Voyage au bout de l’enfer

Voilà on y est. Il est 4h15 et on prend notre petit déjeuner à l’hôtel avec tous les triathlètes qui y séjournent, et ça fait du monde.
Il est 5h et on quitte l’hôtel pour prendre la navette qui nous amène au Waldenersee.
Il est 5h45 et on gonfle nos pneus, on installe nos bidons et tout notre ravito embarqué à bord de nos engins spatiaux intergalactiques.
Il est 6h45 et on regarde partir les pros comme des torpilles.
Il est 7h et ça fait « pouêt », on embarque à notre tour pour un aller simple vers la place centrale (Domplatz) de Francfort, avec pas mal de détours.

Le départ d’un ironman peut se comparer à un voyage dans le tambour d’une machine à laver -je n’ai jamais emprunté une machine à laver pour me déplacer, mais je suppose que c’est un peu comme ça. Le boîte à gifles est ouverte dès le début, on en reçoit, on en donne. Et pendant un bon kilomètre il est impossible d’imprimer son rythme car on est les uns sur les autres. Ensuite , ça se décante un peu et ça va mieux. Je choisis de faire l’extérieur, quitte à accroître la distance, pour avoir plus d’espace. Mais je ne suis pas le seul, et ça castagne quand même.
Très mauvaises sensations dans l’eau, j’ai l’impression de ne pas avancer et pourtant les bouées défilent vite. Allez comprendre. Deux boucles avec sortie à l’australienne. Je sors de l’eau et je suis à deux doigts de faire une attaque cardiaque: Patrice est juste devant moi. Et là, je me dis que contrairement à ce que je ressens, j’ai peut un peu trop tapé dedans. J’ai bouclé le truc en 1:01:18 et je n’en reviens pas.

Transition pépère, et c’est l’acte 2. Et là, miracle, je me sens super bien à vélo. Du coup j’envoie raisonnablement sur un parcours roulant mais très venteux (vent exclusivement de face ou de trois quarts, jamais favorable). J’attaque la deuxième boucle et je comprends mon erreur de débutant, j’ai vraiment roulé trop fort sur la première boucle, et la facture est salée. Je boucle pourtant mon vélo en 5:38:49, et là, je me dis que je vais pouvoir y aller sans complexe pour atteindre l’objectif que je me suis fixé sans en parler à personne, parce qu’il me paraissait gonflé à plus de 8 bars : taper les 11h.

Re-transition pépère et départ du marathon. Première boucle en 55′, qui correspond à peu près à ce que je souhaite, même si je ne fais jamais de plan de course. Ensuite les emmerdements commencent. Dès la 2e boucle ça commence à faire mal, un peu partout. Je fais tous les ravitos, et il y en a un paquet, et je goûte à tout : eau, solution isotonique, solution énergétique, bananes, un verre de flotte sur la tête, plus 2 éponges imbibées d’eau froide. La 3e boucle tourne au cauchemar, je m’arrête de plus en plus longtemps aux ravitos pour soulager les crampes qui fleurissent comme les fleurs des champs au printemps, en moins mignonnes, m’arrête à l’infirmerie pour faire réparer mon petit orteil qui a explosé et me fait un mal de chien. Ma moyenne plonge comme les cours de la bourse. Je regarde ma montre à la fin du 3e tour, il y a encore un coup à jouer si je me bouge els fesses. Alors je me les bouge.
Tant pis pour les douleurs. A 1.5 km de l’arrivée mon mollet droit déclare forfait. Je marche sur 20m et me dis que tant pis pour lui, il n’avait qu’à pas venir. Et je fonce vers l’arrivée. J’arrive dans la fosse aux lions, tribunes pleines et public extraordinaire qui encourage tout le monde. Stoppé net à 10m de la ligne par une crampe fulgurante, le public applaudit à tout rompre et sa clameur me porte vers l’arrivée.
Je lève les yeux vers l’écran, incrédule : 10:56:59, mission accomplie.
Un sanglot dans la gorge pendant 5 secondes, et la réalité me rattrape au galop : je marche comme un cow boy arthritique, et ça risque de durer un moment.

Globalement, ce que je retiens de cette course, c’est la perf de Patrice
(5h15!!) et le carton plein des Grenouilles : tous les engagés ont terminé dans les temps (moins de 15h), avec mention spéciale au roi du suspense, Rémi, qui termine juste avant le couperet. Ce résultat collectif exceptionnel témoigne de l’engagement de chacun d’entre nous.
A Francfort cette année, c’est Grenouilles über alles.

Bis morgen,

PYT

Billet 4 : Que la fête commence J-1

Veillée d’arme à Francfort, où la principale activité des trois fois athlètes a été de préparer leur matériel et leurs sacs de transition, et d’aller déposer le tout sur le lieu du départ de la course, le Langener Waldsee, situé à 12 km du centre de Francfort. L’organisation irréprochable, fruit de l’union de la machine Ironman et du légendaire esprit méthodique allemand, avait prévu un service de navettes entre le Rathaus et le Langener Waldsee pour les athlètes, leurs vélos et même leurs accompagnateurs. Nous avons donc atteint le lac sans effort, tout en repérant une partie du parcours vélo qui donnera sans nul doute l’occasion aux gros rouleurs de passer le mur du son : du bel asphalte plat et une voie d’autoroute qui sera neutralisée pendant l’épreuve.
Sur place, nous découvrons un parc à vélo impressionnant taillé sur mesure pour 2600 participants et la topographie de la transition natation / vélo : une dune de sable que nous devrons gravir, et non dévaler, hélas. Et toujours ces dimensions hors norme avec un alignement impressionnant de sacs de transition.

21h45, couvre feu. Lever demain à 4h pour un petit déj à l’horaire avancé par la direction de l’hôtel, puis départ de l’hôtel à 4h45 pour rejoindre les navettes qui nous mèneront au départ, installer les bidons sur le vélo, regonfler les pneus.

Et à 7h, le saut dans le vide.

Bis morgen,

PYT

Les photos ici. [->http://filex.cirad.fr/get?k=NiXurftiJxm5d8rYLlt]

Billet 3 : entrée des artistes J-3

Alors que le cirque Ironman déploie ses fastes sur le Domplatz et ses alentours, le retrait des dossards a débuté ce matin, dans le Rathaus, qui n’est pas la maison des rats mais l’hôtel de ville de Francfort. Et le défilé des triathlètes a donc débuté, illustrant parfaitement la diversité morphologique au sein de l’espèce humaine: tous les formats sont représentés, des malabars tatoués comme une bande dessinée aux malingres tacherons qui ne paient pas de mine mais doivent savoir en poser (des mines). Plus frappant encore, un sex ratio accablant souligne la faible représentation féminine: allez les filles, mettez vous à l’ironwoman!
Les marchands du temple ont suivi la caravane, et les alentours du Rathaus prennent des airs de foire au triathlon, qui vendant des trifonctions, qui des vélos, qui des lunettes. Plus utile, un atelier assure les réglages des bécanes et fait le bonheur des bras cassés dans mon genre, qui savent pousser sur des pédales mais pas régler un dérailleur.
En début d’après midi, la Frogteam s’est en partie reconstituée, une pluie de grenouilles s’étant abattue sur Francfort en provenance de Paris. C’est donc en groupe que nous sommes allés rouler un petit coup, histoire de nous dérouiller les jambes.

Bis morgen,

PYT

[ps : les photos sont ici: http://filex.cirad.fr/get?k=9o1TBGfOtQHHcFBFpMj->http://filex.cirad.fr/get?k=9o1TBGfOtQHHcFBFpMj]

Billet 2 : les passagers de la pluie J-4

Trois objectifs pour cette journée en roue libre : dormir, monter mon vélo, découvrir la ville.
Premier objectif rempli haut la main, avec une sieste en prime.
Deuxième objectif rempli avec les honneurs dans le temps record de 2 heures. Défense de rire, je suis en net progrès.
Troisième objectif rempli d’eau de pluie. Les prévisions météo se sont avérées redoutablement exactes, car il a plu tout l’après midi. Puissent elles s’avérer tout aussi exactes pour le reste de la semaine, et nous aurons des conditions de course à peu près parfaites dimanche.
Francfort se prépare à l’arrivée des hussards, les stands commencent à se monter de même que la tribune d’arrivée, sur la place de l’hôtel de ville parée d’oriflammes. La ville a été rasée de près en 1945, et pas par Gillette, si bien que tout y a été reconstruit, en partie selon les plans d’origine, mais pour l’essentiel selon un style très contemporain. Capitale économique du miracle allemand, Francfort est une ville prospère, et cette prospérité s’étale sur les façades de pierre, de plâtre peint ou de verre. Elle héberge un nombre respectable d’établissements bancaires, dont celui de la Banque Centrale Européenne.
Pour parfaire cette journée, je suis parti goûter l’eau du Großkrotzenburgsee, un lac situé à une vingtaine de kilomètres de Francfort. J’ai revêtu mon costume d’otarie et plongé dans les eaux sombres du lac. La température de l’eau saisit les rognons, mais on s’y fait et elle ne devrait pas poser de problème aux grenouilles tropicales.

Bis morgen,

PYT

Billet 1 : les ailes du désir J-5

Embarqués en ordre dispersé dans moult oiseaux d’acier, le Frog Team entame son Frankfurt Tour. En milieu de peloton, selon une stratégie de course désormais bien rodée, je me suis envolé hier soir vers Paris puis Francfort. J’ai retrouvé coach Pat, le gang Verdol au complet et la famille Romney en salle d’embarquement, avant de les perdre de vue et de sombrer dans un court sommeil réparateur, quelque part au dessus l’eau salée. Arrivé à Orly dans la splendeur d’un matin d’été, je récupère mes bagages et mon vélo, sors de l’aérogare pour monter illico dans le car Air France qui démarre aussi sec, direction Roissy. Enfin une transition réussie en un minimum de temps! Quatre heures d’attente au salon Air France avant de décoller pour Francfort, le temps de prendre une douche salvatrice et un déjeuner bien placé pour décrocher le grand prix du sucre et du gras. Atterrissage grandiose à Francfort, dans le cockpit, après un survol des forêts vert sombre et de la rivière Main qui serpente langoureusement au milieu d’une mosaïque de champs. Le temps de déposer vélo et bagages à l’hôtel, et j’applique à la lettre le premier commandement de la Bible Palmont : petit footing de 40 minutes tu feras. Il fait un temps parfait, estival et un peu humide, et je galope au cœur de la ville puis sur les berges du fleuve envahies d’amoureux sur les bancs, de gens qui pique niquent sur les pelouses, font du roller, du vélo ou rien du tout. L’été a fini par arriver, et tout le monde veut en profiter. Partout sur les avenues, des affiches annoncent pour dimanche le Barnum du triathlon et promettent aux participants « der längste Tag des Jahres » (la journée la plus longue de l’année). Pas de doute on est au bon endroit, et ça va chauffer dimanche.

Bis morgen,

PYT