La balade de Bébert et PYT

ByLes Grenouilles Bleues

Samedi, Bertrand Renesson Philippon et Pierre Yves Teycheney ont fait le tour intégral de la Guadeloupe à vélo ! 318 km, un peu moins de 12 h et 4550 mètres de dénivellée pour une moyenne horaire de 26,5 km/h ! Un bel exploit pour nos deux grenouilles, parties à 4 h 45 de Baie Mahault, au lever du jour.
Mais le mieux, c’est de lire le récit de Grenouille PYT ci après.Un tour sur soi-même

Ça commence par une préparation ironman entre copains, une équipée sauvage partie à Francfort en juillet 2013 pour s’amuser et se dépasser. Qui s’amuse, se dépasse, puis rentre sur son île et repend ses sorties vélo. Au terme de l’une d’elles, un beau samedi, il faut se rendre à l’évidence : aucun de nous n’a programmé d’ironman en 2014, il nous faut donc incontinent trouver un produit de substitution, méthadone du triathlète shooté à l’effort. Chacun y va de sa suggestion, jusqu’à ce que, le houblon malté aidant, le grand blond de la bande émette l’idée doucement dingue de faire le tour de la Guadeloupe à vélo. Dans la journée. Les uns lui jettent un regard incrédule pendant que les autres regardent leurs godasses, un inconscient dit oui. Et voilà, c’est parti.
Ça continue le 28 juin 2014. Le réveil sonne comme prévu à 3h et je ne l’entends pas. Mon horloge biologique sonne à 3h17 et sait se se faire entendre, elle. Douche, bol de céréales, gonflage des pneus, je ramasse toutes mes affaires préparées la veille et en route vers le point de rendez vous, le QG des allumés, la maison Philipon.
Arrivent dans la nuit Sylvain, qui va nous éclairer de sa lumineuse présence, puis Karim, qui va faire avec nous le tour de Basse Terre. 4h47, on embarque. Sentiment étrange de rouler à vélo en pleine nuit, la route éclairée par les phares de la voiture de Sylvain qui, passé Ste Rose, prend quelques dernières photos, nous souhaite bon courage et nous quitte puisque le jour est levé.Ensuite ça monte, ça descend, ça tourne, sur un bitume dépressif au visage marqué d’adolescent acnéique ou de vieux beau vérolé, en tout cas fortement gondolé. Ferry et Baillargent avalés, on recrache les pépins et c’est l’heure du premier ravito. Au menu, une Powerbar sucrée, une Powerbar salée, du gâteau banane/dattes/noix/noisettes maison et pas mal d’eau. Ce sera le menu de chacun de mes 6 ravitos de la journée. Bidons remplis, on repart. Ça monte et ça descend toujours, de préférence avec des virages dessinés par quelque esprit sadique qui sait combien j’ai horreur de ça. Les roues carbone à jante large s’avèrent un très mauvais choix sur cette partie très vallonnée, qui se mettent à vibrer terriblement dans les descentes cependant que la côte sous le vent déploie ses fastes sous nos yeux. Nous arrivons à Rivière Sens, deuxième ravito. Vieux Fort, Trois Rivières, Chemin Neuf et un nouveau ravito, puis Capesterre, Goyave et remontée vers notre point de départ, avec Karim en position aéro pour nous entrainer dans son sillage.Arrivés à Baie Mahault vers 11h25 dans un étonnant état de fraîcheur, c’est le ravito super luxe (far maison, eau, détente, étirements, passage sous le jet) en présence de Seb venu prendre la température du groupe. Fin du premier acte, 140 km à 24.5 km/h de moyenne, on est dans les clous.
A 11h58, on attaque la deuxième partie du programme, le tour de Grande Terre. Sans Karim, qui tel un module de fusée, s’est détaché et nous laisse filer. On sent dès le début que ça va être saignant, car le vent s’est invité et ne ménage pas ses efforts. Bébert me dit vers Vieux Bourg qu’on est un peu rapides, et il a raison. En conséquence de quoi il en remet une couche et file comme un missile, et je ne peux pas suivre. Morne à l’Eau, Petit Canal, Port Louis, dans un vent très soutenu. Et enfin Anse Bertrand et un ravito comme une bénédiction dont le Huit à Huit serait le temple et ses robustes vendeuses les vestales. Je suis totalement cuit, mais un demi litre d’eau et mon menu habituel plus tard, tout va bien et on repart vers l’Enfer, ou du moins ses portes. Nous nous élevons vers le sommet de la pointe de la Vigie qui nous offre soudain en guise de récompense ce somptueux paysage toujours renouvelé de mer et de falaises. Puis ça descend, ça souffle, on en bave et on ravitaille de nouveau avant d’arriver au Moule. Direction St François et la pointe des Châteaux, sur la route de laquelle apparait un Seb motorisé accompagné de ses filles accrochées aux vitres de la voiture pour mieux nous encourager. Une fois arrivés à la Pointe, pas d’autre option que de rebrousser chemin, on sait qu’on aura le vent dans le dos et que la boucle sera bouclée. Dernier ravito à St François, et cap sur Baie Mahault. Quelques kilomètres plus loin un petit jeune très prometteur du club nous rejoint pour tailler la route avec nous : sacré Sylvain, qui discute comme si de rien n’était, calé sur grand plateau même dans la bosse de Petit Havre et nous ramène à la maison, comme il nous a lancé le matin. Un camion nous dépasse et se place à notre hauteur : au volant Eric F., à ses côtés Laureen F., tous deux hilares. Postés dans la côte de Petit Havre, ils nous encouragent de même que Karim, rescapé de sa dure après midi (Brésil – Chili : 8 bières à zéo), qui va nous suivre en voiture pour assurer la sécu en ce début de crépuscule. Puis c’est Pointe à Pitre, sans même un détour à Carénage pour saluer ces dames, Jarry et la dernière ligne droite qu’on envoie comme à la parade, en position aéro à un bon 35km/h, pour le fun.

Bilan de la journée :

– 11h58mn53s pour 318km, 26.5 km/h de moyenne et dans les 5200m de
dénivelé positif
– une bonne dizaine de litres de boissons diverses, variées et multicolores, une douzaine de Powerbars, 3 grosses tranches de cake banana/dattes/noix/noisettes. Et à l’arrivée, 1 kilo en moins sur la balance.
– une planification respectée à la lettre (partis avec 2mn de retard sur l’horaire prévu, nous arrivons avec 13mn de retard)
– un ciel couvert qui nous a été clément
– les copains fidèles au poste: merci Sylvain, merci Karim, merci Seb,
merci Eric, merci Yann -qui devait nous rejoindre en Basse Terre mais qui, emporté par sa fougue a gravi Dolé et a raté la jonction
– la satisfaction d’avoir rempli un objectif totalement gratuit, destiné à nous prouver que nous pouvions le faire
– quasiment pas de courbatures

Et une question qui rode et déjà taraude : et maintenant, on fait quoi?

pyt