Embrunman 2015 : La montagne magique, J-5 et J-4

ByLes Grenouilles Bleues

Par Pierre-Yves Teycheney

Le Déluge s’est abattu sur Embrun tout la nuit et une partie de la matinée. Et bien entendu, Noé étant parti faire du rafting dans le Colorado ou taquiner de la shampouineuse à Ibiza, allez savoir, pas question de compter sur lui pour nous sauver. On a donc sagement attendu que cesse la pluie pour tâter le bitume alpin. Ce qui a fini par se produire, alors nous voilà partis sur le coup de 14h pour grimper l’Izoard, histoire de voir si le mythe est réel, la pente bonne et le vent frisquet. Les trois le sont, comme le démontre la suite de ce récit.

Nous, ce sont les trois allumés de service : Bertrand, Seb et moi. La première partie du parcours (d’Embrun – altitude 700m – à Guillestre – altitude 1000m) est déconcertante de facilité, et très rapide. Bon, d’accord, on l’a faite en voiture. Ensuite, évidemment, ça devient plus saignant. De Guillestre à l’intersection de la route du col de l’Izoard, c’est assez roulant, même en montée. Ensuite, pour être honnête, la pente reste très raisonnable, mais longue et parfois usante. Sur la route, quelques tunnels plus ou moins longs et plus ou moins bien éclairés, très exotiques lorsqu’on n’en a jamais emprunté à vélo. La courbe du mercure est inversement proportionnel à celle de l’altitude, et, le vent aidant, ça finit par fraîchir, fraîchir beaucoup, puis cailler carrément. On arrive à Arvieux. C’est pas mal Arvieux, et puis il y a la fête en ce moment et on s’arrêterait volontiers boire un petit coup mais bien sûr on n’est pas là pour ça, hein, faut grimper. Alors on grimpe et on arrive gaillardement à Brunissard, que Bertrand, qui connait la musique et la montagne, a bien pris soin de nous signaler car après ça grimpe sec. Et effectivement, à la sortie du bled ça dénivèle pas mal, très positivement. Les bornes sur le bord de la route nous indiquent la distance jusqu’au sommet du col et le pourcentage du dénivelé. Heureuse initiative kilométrique, mais voilà que le kilomètre 6 a disparu, kidnappé par un afficionado, ou alors c’est le plus long kilomètre du monde. Pas du tout, les fonds venant certainement à manquer, à moins que le climat et l’oxygène raréfié se fassent moins propices à leur survie, sur la fin de l’ascension les bornes ne poussent plus que tous les 2 kilomètres. On arrive à un grand tobogan de 500 mètres qui donne à mes acolytes une première occasion de me distancer, mes piètres qualités de descendeur n’étant plus à démontrer. Puis c’est la dernière montée en lacets, que l’on imagine noire d’un monde beuglant lorsque la gravissent les fusées du Tour, et nous voilà au sommet (2361m). Photo souvenir, miction express et on redescend. C’est là que pour moi commence le match.

Parti avec ma jolie veste Gaba toute neuve, je me suis dit assez imprudemment que cette merveille technologique saurait me préserver du froid et du vent. Erreur funeste. Après 5 minutes de descente, me voilà bien refroidi, après 10 minutes, je suis transformé en esquimau glacé -au bâtonnet prêt. Je vibre comme un parkinsonien sous amphés, mon guidon à l’unisson a du mal à conserver une trajectoire à peu près parallèle à celle de la route, et bien entendu, je descends comme un fer à repasser. Mes acolytes m’attendent à Arvieux, toujours en fête, m’emballent d’une couverture de survie sous ma jolie veste, puis disparaissent au premier virage tandis que, même transformé en tablette de chocolat sous son joli papier doré, je continue de grelotter, un peu moins cependant au fur à mesure que remonte le mercure. Ensuite ça redevient raisonnablement rectiligne, et ça va assez vite jusqu’à Guillestre. Parking, voiture, chaleur, ouf.

Avant goût de la journée de samedi, qui s’annonce longue.

j-4

Le retrait de dossards débute aujourd’hui, donc allons y. Ambiance très bon enfant, à des années lumière de la machine Ironman bien huilée. La salle des fêtes d’Embrun est remplie de bénévoles qui distribuent les sacs et les conseils. La ville entière vit à l’heure de cette semaine folle dédiée au triathlon: tous les jours une épreuve, avec en guise de cerise sur le gâteau l’Embrunman de samedi. Seb et Bertrand m’ont devancé de 15mn, impossible de les retrouver ni au retrait des dossards ni ensuite dans la ville, dans laquelle galopent les concurrents du duathlon open, support du championnat de France des groupes d’âge. Mais devant la salle des fêtes, je retrouve Marie-Anne et Pierre Dhellens, qui ont repéré mon Tshirt des Grenouilles.

Marie-Anne s’aligne jeudi sur le CD, et c’est demain son anniversaire: n’hésitez pas à lui envoyer des messages d’encouragement et de bon anniversaire!! La ville est vraiment jolie, très vivante. Son patrimoine architectural témoigne d’une histoire ancienne, qui remonte à l’époque antique. Un endroit sans doute pas mal pour y vivre et y faire du sport. L’autre évènement de la journée, c’est l’arrivée des Marchands du Temple (le « village »), qui font le bonheur des triathlètes, moi compris. Ma carte bancaire a un peu fondu, mais me voici l’heureux possesseur d’une jolie combi Aquaman Bionik, d’une sous couche thermique et d’un coupe vent qui, je l’espère, vont me préserver de l’âge de glace samedi, d’une trifonction qui va enrichir ma collection et de quelques autres choses plus ou moins (f)utiles. Sur les rives du lac ensoleillé et envahi de baigneurs, je retrouve Mickaël et Solène Lambert: le microcosme guadeloupéen se reforme.