2 Grenouilles finishers au 70.3 de Miami

BySylvain Pigeau

Grenouille Pierre-Yves Teycheney a pris la septième place de sa catégorie le 23 octobre au 70.3 de Miami. Un peu plus d’un mois après sa participation aux championnats du monde à Mooloolaba, « PYT » n’a en revanche pas pu prendre un nouveau slot pour 2017. (3 places dispos). Notre Grenouille Joëlle Ducelier était également en course et a bouclé l’épreuve en 6 h 08′. Voici le compte rendu de Pierre Yves.

Miami Jour-J

Les nuits sont toujours courtes et agitées une veille de course, et la mienne ne fait pas exception à la règle. Inutile de prévoir un réveil, j’ai l’œil vif et grand ouvert bien avant de me lever, sur le coup de 4h45. Difficile en effet de trouver un sommeil réparateur lorsque défilent à toute allure dans son cerveau des images et des questions. Me voici donc bien réveillé, engloutissant mon gâteau sport en contemplant la ville muette qui scintille en contrebas. Je me douche, je lis les nouvelles, j’envoie quelques mails, je vérifie pour la 378e fois que mon paquetage est bien complet et c’est l’heure d’embarquer. Je rejoins Olivier, Philippe, Joëlle, Eric et Pascal dans l’immense lobby de l’immeuble et nous voilà partis pour le parc à vélo, dans une ambiance détendue et rigolarde.

Arrivé au parc, chacun rejoint sa monture, gonfle ses pneus, prépare soigneusement ses affaires pour les deux transitions, dans l’espace toujours restreint qui lui est dévolu. Le mien se situe quasiment au bout du parc à vélo, tout prêt de la sortie, ce qui est plutôt un avantage.

C’est l’heure de vider le parc, et de rejoindre la meute des concurrents qui s’entassent sur l’aire de départ. Le soleil n’est pas encore levé et je n’ai vraiment pas chaud dans ma tri-fonction. Et il me reste plus d’une heure à attendre avant de me jeter à l’eau. On regarde le départ des pros, étonnés d’en voir quelques uns nager aussi mal (mais la plupart d’entre eux filent comme des dauphins). Joëlle s’élance à son tour, puis Philippe et 4 minutes plus tard c’est mon tour. On saute d’un ponton et on s’aligne sur les bouées de départ. Je choisis de faire l’extérieur, moins encombré.

Pas de quartiers en natation !

C’est parti et ça castagne, comme d’hab. On pourrait croire les vieux triathlètes assagis et bien élevés, mais il n’en est rien. Pas de quartier, et malheur aux gêneurs. Et à ce petit jeu là, je ne suis pas manchot. Les départs par vagues permettent d’éviter la cohue d’un départ massif, mais on est quand même gênés tout au long du parcours au lieu de l’être seulement au début, et c’est exactement ce qui va se produire. Il me semble que je ne suis pas trop mal, et en effet je reprends Philippe à mi parcours. Mais ensuite, ça parait long, puis très long, puis interminable. Les escaliers de sortie de l’eau finissent par se matérialiser, et je suis hissé sur les marches par deux énergiques bénévoles. Je regarde ma montre et manque tourner de l’oeil : 43mn! C’est 8 ou 9 de plus que prévu, et j’en prends un sacré coup au moral. Mon objectif moins de 5h va être difficile à atteindre.

Je galope vers mon vélo, et la transition est correcte pour une fois, quoique pas exceptionnelle. Début du parcours vélo façon école du cirque, je replace mon capteur Garmin avec mon pied déchaussé tout en roulant, et sans me casser la figure. Je suis mûr pour un boulot chez Zingaro! On enfile les rues et les virages pendant pas mal de temps, quelques ponts puis enfin on arrive sur l’autoroute: vent de trois quarts face, pas cool. L’oeil vissé sur mon Garmin, l’autre sur les concurrents, je mouline et je double des dizaines, des centaines d’entre eux. Foutues vagues de départ qui obligent à doubler en permanence tout en respectant le règlement anti drafting. Cela dit, je me fais également doubler pas mal. Je suis calé sur 32 km/h, pas mal vu le vent, et puis une inflexion vicieuse de l’autoroute nous met le vent de face, et là ça devient vraiment pénible. La moyenne chute, mais je ne lâche pas le morceau, je compte les kilomètres qui restent avant le demi tour salvateur. Avant d’y arriver, je me fais doubler pars … un peloton. Un vrai, un bien gros d’une trentaine de concurrents qui draftent allègrement. L’aspiration me fait prendre plusieurs kilomètres heures de moyenne, et j’imagine que la course dans ces conditions n’est pas la même! A dire vrai, j’ai noté plusieurs fois que des concurrents prenaient ma roue, et je me demande vraiment ce que fabriquent les arbitres (je n’en ai pas vu un seul sur la totalité du parcours). Voilà le demi tour et on a enfin de le vent dans le dos. Rouler à 45km/h sans trop d’effort est une vraie bénédiction. C’est bon pour le moral et ça me permet de sortir le pique nique (Mule bar). Mais le retour de la courbe vicieuse va mettre un terme à l’euphorie et faire baisser la moyenne, car on a de nouveau un léger vent de face. N’empêche que je m’accroche à un trio qui drafte joyeusement, mais je garde mes distances car je n’ai pas envie de choper un carton. Et à un ravito, je les passe sans regret. Les gratte ciels de Miami en point de mire, je garde le rythme et c’est de nouveau le parcours sinueux dans la ville, qui oblige à slalomer entre les traitresses plaques d’égout (dédicace spéciale Didou). Enfin le parc, et un vélo bouclé en 2h35, soit 5mn de plus que prévu. Adios les 5 heures!

A pied, je sens que ça va être dur et ça l’est en effet. Parti un peu vite (4:20 au kil sur les deux premiers kilomètres), l’ascension du fameux pont va calmer mes ardeurs, d’autant que je dois marcher un peu pour remettre au pas un début de crampe. J’écume tous les ravitos et je respecte à la lettre mon plan de nutrition (une fléchette tous les 3 km, en alternant fléchette anti crampe et fléchette énergétique). La moyenne est correcte, mais je me sens émoussé. Alors je ne regarde pas mon temps, j’attends simplement que la montre bipe tous les kilomètres pour avoir une idée de mon allure. Je croise Olivier, puis Philippe sur le chemin du retour vers la fin de la première boucle. Une fois qu’elle est passée, je sais que je vais aller au bout, en gérant au mieux pour éviter la crampe qui tue. Reprendre le pont en réduisant l’allure pour ne pas se cramer, dérouler dans la descente et courir à l’économie sur le plat. Le panneau des 12 miles apparait, plus que 3 kilomètres. Olivier me tape sur l’épaule en me passant à 2 kilomètres de l’arrivée, j’en remets un coup pour finir et je franchis la ligne. Médaille autour du cou, puce enlevée par une bénévole, je regarde ma montre : 5h03, caramba encore raté! C’est mon meilleur temps sur half, mais ce n’est pas celui que je visais.

Deux heures plus tard, une fois alimenté, massé et de retour dans mon immense appartement, je regarde les résultats et constate que j’ai terminé 7e de ma caté. C’est pas mal, mais ce n’est pas suffisant pour accrocher un slot pour les mondiaux. En effet, les 3 qualifs de ma caté seront prises sans coup férir par les trois premiers: pas de roll down! Et ce sera pareil pour à peu près toutes les catés. Les championnats du monde auront lieu aux US l’an prochain, et tous les yankees veulent en être. De plus, on est au début des épreuves qualificatives, il est donc illusoire d’espérer des désistements de la part de gens déjà qualifiés. Quoi qu’il en soit, et malgré cette déception, je suis satisfait de ma course, pleine d’enseignements comme d’habitude.

Olivier et Philippe terminent premiers de leurs catégories respectives et empochent leur qualif: super les gars!

Maintenant, pour moi c’est repos, et pour un bon moment. Le temps de faire réparer mon épaule début novembre, et de récupérer de l’intervention avant de remettre ne pièce dans le juke box et de repartir pour un tour. L’aventure continue!

Résutats complets en cliquant ici

 

Miami J-1

A peine la gomme de mes pneus refroidie après ma course décevante de Mooloolaba, que, conseils de coach Sylvain aidant, j’ai décidé de m’offrir une pause intégrale de 2 semaines et demies et de repartir sur un programme de prépa de 4 semaines, afin de m’aligner sur le 70.3 de Miami. Et voilà comment je me retrouve sous le soleil de Floride, dans cette ville immense et increvable peuplée de palmiers, de béton, de verre et d’acier lancés à l’assaut du ciel impeccablement bleu. Et au dessus d’eux, les oiseaux tournoient en silence et sans effort. Perché au 22e étage, l’appartement immense et lumineux que j’occupe ouvre d’un côté sur un horizon plat, infini et très urbanisé, de l’autre sur la mer un peu planquée derrière quelques immeubles.

Retrouver le cirque Ironman dans un autre paradis touristique me fait réaliser à que point ce circuit est déconnecté du monde réel, peuplé qu’il est de gens comme moi, qui sont prêts à tout mettre de côté pour s’entrainer, à payer des frais d’inscription déraisonnables pour avoir le droit de transpirer. Mais qu’est ce que c’est bon…

Comme souvent mais plus encore que d’habitude, j’ai du mal à situer mon état de forme. Mais à J-1, inutile de se poser des questions, les dés sont jetés et il faut aller au charbon. La journée commence donc par une petite heure de vélo en compagnie de mes voisins du dessous (9 étages au dessous pour être tout à fait précis), Olivier (Noglotte) et Philippe (Clerc), tous deux bien affûtés. Nous filons à bon train jusqu’à Key Biscane et revenons à notre point de départ. Je pose le vélo, je chausse mes baskets et vais courir 15mn à allure course (ou du moins l’allure qu’il serait bien que je tienne demain sur le semi), et voilà: la prépa est bel et bien terminée. Puis le rituel des veilles de course est respecté à la lettre : manger des pâtes (un paquet me fait deux repas, mais je sais que je ne pourrai jamais égaler sur ce terrain un certain Patrice P.), faire une sieste, aller déposer le vélo au parc, assister au briefing et préparer mes affaires pour demain. A défaut de coincer la bulle, je m’y abrite et j’essaie d’y faire le vide, de faire taire les doutes et de me projeter dans ma course en pensant au départ (water start!), en révisant mon plan de nutrition, en me répétant que ça va le faire malgré la fatigue qui est bien là et qui m’inquiète. Bref, j’ai rejoint la cohorte des 3151 autres allumés qui ont pris un dossard et qui eux aussi essaient d’imaginer ce que sera leur avenir proche.